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Comme une odeur de soufre
1 janvier 2017

"A Reculons" (fiction politique gauchisante)

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IMPORTANT: Ce truc date bien du premier tour des présidentielles 2017, hein, je suis pas du tout un devin, sinon je serais pas là à écrire du caca mais plutôt en train de siroter un virgin Mojito sur un yacht, gros sdar dans la che-bou, comme dirait Molière. Je l'ai juste anti-daté pour le perdre au fin fond du blog parce que j'ai un peu honte, au fond, de deux-trois trucs, genre l'histoire des robots, ou ma méchanceté envers les littéraires dont je fais pourtant partie.

 

Nous sommes en 2022, à la veille des élections présidentielles – les dernières, peut-être, de la Cinquième République, proclame à tue-tête et dans un coin de trottoir l'éternel hologramme de Jean-Luc Mélenchon, désormais relégué au rang d’antiquité. L'heure est donc au bilan, pour Emmanuel Macron, quarante-quatre ans, figure de petit jeunot dans ce jeu politique n'ayant de cesse de vieillir et de se rabougrir. Chirac est mort entre temps, bien sûr, laissant un vide immense chez une jeunesse nostalgique, encore en CM2 sous son second mandat et qui, lorsqu'on lui dit « emplois fictifs » pense désormais François Fillon plutôt que mairie de Paris, mais d'autres sont encore là, défiant la mort, pris dans une quête effrénée de la pierre philosophale, cette fameuse magistrature suprême tant critiquée. Si Jacques Cheminade en rêve et se persuade petit à petit qu'il y accédera enfin ou qu'au moins, le second tour lui est promis, d'autres sentent une nouvelle fois la peur monter, craignant ce terrible scénario « FN » contre X, surprenant en 2002, habituel vingt ans plus tard.

 

Qui sera X ? François Hollande, reconverti en livreur de pizza (son amour des deux roues aura eu raison de lui), successeur d'Olivier Besancenot et de Philippe Poutou à la tête d'un parti dont on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom parce qu'on l'a tout bêtement oublié ? Barack Obama, peut-être, qu'une énième pétition sur Internet invite à se présenter en tant que candidat à nos élections, lui qui a l'air si « sympathique et sexy », d'après Eugénie, primo-votante, ancienne déléguée de sa classe de Terminale L (non que nous ayons quelque chose contre les filières littéraires ; parfaitement savoir rouler un joint avec du papier bible étant une compétence absolument nécessaire si l'on veut réussir dans la vie) ? Eh bien non, mesdames, messieurs et robots doués d'intelligence artificielle devenus esclaves sexuels de choix (désolé pour les fans de Terminator et de Matrix), s'il doit y avoir un président, ce sera encore le parangon d’« En Marche ! » (À crier à plein poumon, le point d'exclamation faisant toute la différence). 

 

Oui, Emmanuel Macron a toute ses chances. Si l'on se penche sur son bilan, les choses semblent plutôt sur la bonne voie : l'Euro, au plus bas à la veille du premier tour du scrutin de 2017, est maintenant au-dessus de la barre symbolique des 1 dollars et 10 centimes, certes moins qu'avant la crise de 2008 et sa dévaluation de 2015, mais suffisamment haut pour assurer au pays une balance commerciale équilibrée ; le terrorisme, quant à lui, a malheureusement fait son lot de victimes, cependant, les forces de l'ordre veillent au grain et assurent inexorablement notre protection. Personne n'osera se demander à quel prix, car nos libertés, au fond, ne comptent plus tellement lorsqu'il s'agit de ne pas mourir au détour d'une rue trop fréquentée et personne ne tentera pas non plus de comprendre pourquoi une organisation terroriste et mortifère comme DAECH continue d'exister, alors même que l'on connaît les noms des états qui la financent ainsi que les causes qui ont mené à sa naissance puis à son expansion. Ces questions sont encore réservées aux intellectuels, ces « gauchiasses » (il n'y a pas à dire, les partisans du Front National ont un humour fascis… pardon, fascinant) préférant la haute trahison au sain négationnisme ou au dur labeur. Il y a des choses, en vérité, qui ne changeront jamais et François Hollande l'a appris à ses dépens.

 

En résumé, tout va bien dans notre douce France et il faut rendre grâce à Dieu pour cela. Tout va bien, mais alors quoi ? Où est donc le problème ? Si l'économie se porte comme un charme, ce n'est qu'au détriment des plus pauvres, affirmeront quelques-uns – le ruissellement, on l'a vu, ne marche pas tellement, lui, puisque les entreprises préfèrent largement investir à l'étranger, là où les salaires et les impôts demeurent beaucoup plus bas, malgré le gel du SMIC (ça, on ne nous avait pas prévenu) et l'augmentation du temps de travail hebdomadaire. Les banques ont repris du poil de la bête et s'implantent de plus en plus dans la société française. Vous avez besoin d'un dentifrice rendant les dents blanches ? Le CIC a une solution pour vous. Vous souffrez de dysfonctionnements érectiles ? Lisez donc plus attentivement ce mail de BNP Paribas. La bulle spéculative gonfle, se fait plus grosse que le bœuf, prenant des airs de déjà-vu. Les PME, pleines d'espoir cinq ans auparavant, comprennent maintenant que les jolies promesses ne sauvent pas des naufrages. Oh bien sûr, le diagnostic et les mesures adoptées en conséquence n'étaient pas si mauvais, seulement inadaptés au contexte, gérés avec la même mollesse et le même cynisme dont ont abondamment fait preuve les gouvernements précédents. D'autres répondront que Rome ne s'est pas faîte en un jour et qu'il faut du temps, énormément de temps, pour redresser un pays au bord du gouffre, permettre aux gouttes bénies de la richesse de pénétrer le sol stérile et craquelé de la précarité.

 

La vérité, néanmoins, n'est pas là. Emmanuel Macron a dans l'ensemble fait du bon boulot : le chômage a évidemment baissé, on accède plus aisément à la culture, les entrepreneurs sont généralement encouragés dans leurs démarches, mais la société de 2022 est identique à celle de 2017 – juste un peu plus solide, mieux implantée. Nous exigions tous dans nos cœurs et dans nos âmes un changement. En 2012, notre ennemi était la finance. En 2017, on voyait plus grand encore et l'on voulait ébranler le système, détruire l'oligarchie pour de bon. En 2022, on s'attend à renverser les puissants, déstabiliser les banques qui, plus que jamais, nous dirigent, on appelle même de tous nos vœux le « grand soir » en brandissant des roses rouges, parce que l'on a la mémoire courte et que 2012, c'est loin, déjà. En 2022, les sondages prédisaient pourtant un second tour Macron-Lepen six mois à l'avance, comme en 2017 ; le peuple se décidera ainsi à voter utile ad vitam, contre la montée des extrémismes, qui commence à se rider elle-aussi et pour le bien commun, même si l'on ne partage pas les idées des favoris et que l'on a cette fois-ci dix candidats au poste.

 

En 2022 on aura, ô hasard polisson, un second tour... Macron-Lepen (avec une victoire de Lepen, éventuellement, brrrr, de quoi nous donner des frissons) et 2022 ressemblera à 2017, qui ressemblait à 2012, qui lui-même ressemblait à 2007, qui...vous comprenez le raisonnement. Les responsables, dans tout ça ? Le capitalisme ? Le libéralisme ? Les femmes et hommes politiques corrompus ? Non, juste nous, les électeurs, épris dans nos songes adolescents de justice et de révolte, trop frileux en réalité pour assumer nos positions. Nous, les adeptes du « vote utile » ou du « barrage républicain ». Nous, qui nous sommes saisi de l'unique moyen légal que l'on nous a gracieusement offert comme un meuble IKEA sans mode d'emploi pour en faire des avions en papier biscornus. Nous – hier, aujourd'hui et demain. Nous, qui sommes lâches et qui préférons accuser les immigrés, les réfugiés, les élites au pouvoir, plutôt que d’admettre notre responsabilité et de voter, pour une fois, avec une once de dignité et de courage. Nous sommes en 2022, à la veille des élections présidentielles et la Cinquième République a encore de beaux jours devant-elle.       

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Commentaires
J
Bonjour. <br /> <br /> Macron est malin et un..manipulateur ! <br /> <br /> http://janus157.canalblog.com/ <br /> <br /> Bonne journée et fin de semaine à vous..Denis. <br /> <br /> <br /> <br /> P.S. : je précise de suite, je ne suis pas..F.N., ni..pour Macron.
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